Journal de bord sur Elite Dangerous - Il n'est jamais trop tard mon commandant

Disponible depuis plusieurs années, la simulation spatiale Elite Dangerous continue d'évoluer et d'enrichir son immense univers. Attiré par les possibilités de l'extension Odyssey prévue pour 2021, j'ai finalement décidé de franchir le pas.

Années 2014 à 2020

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Quatrième opus d'une franchise remontant à Mathusalem d'un point de vue vidéo ludique, Elite: Dangerous est notamment passé par la case du financement participatif avant de se lancer en décembre 2014. Le studio Frontier Developments est à l'ouvrage, avec David Braben en tête de proue, l'un des deux co-créateurs de cette série qui a contribué à définir le genre de la simulation spatiale. Il faut retenir que ce « space sim » propose de tailler sa propre voie parmi des milliards de systèmes stellaires procéduraux, du combat au commerce en passant par l'exploration.

Sur cette période, je n'ai pas basculé sur Elite: Dangerous en raison de son manque d'interactions entre les joueurs, étant trop attaché à la dimension MMO. Autre point, l'idée d'appréhender l'univers à travers un avatar est également nécessaire pour m'y immerger. Ainsi, c'est bel et bien l'extension Incarna qui m'avait réellement convaincu de m'investir sur Eve Online, ce qui est profondément ironique vu la suite de l'histoire. Toujours sur EVE en attendant que la pépite Dual Universe soit un peu plus taillée ou que Star Citizen se concrétise, c'est la bande-annonce de la future extension Odyssey qui m'a ramené vers Elite, justement pour la possibilité de poser pied dans l'univers. Car pour le coup, j'ai toujours gardé un oeil sur son évolution.

En effet, le principe de Frontier Developments a toujours été d'exploiter Elite: Dangerous dans la durée, en ajoutant de nouveaux contenus et gameplay pour occuper les habitants de son univers. Du côté des modes multijoueurs qui m'intéressent tout particulièrement, on a vu l'apparition des escadrilles pour voler chacun dans son vaisseau en s'appuyant notamment sur des outils de communication. Mention spéciale pour l'audio entre les pilotes, géré par le jeu avec des filtres jouant sur la qualité de la communication en fonction de ce qui se passe, incroyablement immersif. Il est également possible de former un équipage avec chacun jouant un rôle en se répartissant les commandes : pilote, artilleur ou chasseur. Le prix à payer pour l'immersion dans un équipage multiple est toutefois la rentabilité. Depuis décembre 2018, les joueurs ont la possibilité de se réunir sous forme d'escadrons. Inspiré du fonctionnement des guildes, un escadron propose de se rattacher à une fonction ou de rester indépendants. L'orientation de l'activité d'un escadron est libre et peut tout autant se spécialiser sur un domaine particulier que rester polyvalent. Par la suite, les « fleet carriers » ont fait leur apparition. Ces portes-vaisseaux permettent aux autres vaisseaux d'apponter à eux comme ils le feraient dans une station, avec les services associés : ravitaillement, réparation, chantier naval, service d'équipement, accès à Universal Cartographics. Il faut toutefois préciser que le studio ne va pas forcément toujours au bout de ses idées, avec parfois certaines propositions tombant en désuétude.

Année 2020, je décolle

Bien installé dans le cockpit de son vaisseau, on profite de la vue à la première personne pour appréhender son nouvel environnement. Guidé par une voix nous donnant les premières instructions, on décolle automatiquement depuis l'intérieur d'une station pour, une fois sorti, en prendre plein les mirettes, touché par la lumière d'une étoile se découpant au fond de l'horizon spatial. C'est la version courte mais je ne vais évidemment pas vous épargner la version longue.

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Car ma première expérience sur Elite: Dangerous a été conclue en quelques minutes sur les tutoriaux optionnels disponibles sur le launcher, qui m'ont fait rapidement prendre conscience des limites de mon talent pour piloter un vaisseau spatial. J'ai alors consulté mon expert dans le domaine spatial, qui m'a résumé la situation en une réplique : « On peut jouer à Elite: Dangerous avec un clavier et une souris, il faut un joystick pour s'amuser ». Mon choix s'est alors porté sur l'occasionnel T.Flight Hotas X, joystick comprenant également une manette des gaz avec presque suffisamment de touches pour se lancer dans cette simulation spatiale.

J'assume totalement le « Ah oui quand même ! » de ma femme quand elle découvre l'installation, même si elle n'a pas encore réalisé que le plan est d'installer l'ensemble sur un vidéo projecteur géant, voire de basculer dans une réalité virtuelle, voire les deux en fait. Car dès les premières manoeuvres, le maître-mot d'Elite: Dangerous est bien l'immersion, qui passe à la vitesse de la lumière quand on active l'ultime accélération vers un autre système stellaire. La notion d'immensité de l'univers prend ici tout son sens, au point de se demander rapidement où l'on va.

Je survole donc les différentes formations proposées en jeu, je prends mes premières missions de transport pour appréhender les principes de la navigation et je percute mon premier soleil en sortie d'hyperspatial faute d'avoir fait couler mon café assez rapidement. J'en sais désormais assez pour avoir conscience que les allers-retours pour des marchandises ne sont pas ma vocation spatiale, pour mieux m'orienter vers le minage qui dispose d'un gameplay varié demandant une grande concentration. Et comme on n'est pas à une erreur d'orientation près, je me lance dans l'exploration pour découvrir qu'elle ne comblera pas ma crise existentielle dans cet univers inconnu.

Année 2020 encore, je décolle avec un but

Elite: Dangerous n'ayant pas de finalité, si ce n'est un compte en banque et des barres de progression dans différentes carrières, il faut savoir se fixer un objectif pour trouver dans quel sens décoller. Et l'apprentissage est rude, parfois au prix d'une amende pour stationnement gênant quand j'ai voulu gérer moi-même mes manoeuvres d'approche. Ma révélation fut au premier combat dans un champ d'astéroïdes, quand je me retrouve à slalomer entre les cailloux pour poursuivre ma cible. Les lasers se chargent de faire tomber le bouclier, les auto-canons prennent le relais pour la structure du vaisseau ennemi. Bien accroché à mon joystick, je ne lâche pas le radar pour éviter de perdre ma cible, exultant à l'explosion finale. Je récolterai les crédits de la prime dans la prochaine station où je me poserai.

Si les missions permettent de se créer des cibles, les sites regorgeant des richesses sont de véritables terrains de chasse. Alors que les mineurs s'affairent, on scanne chaque vaisseau rencontré pour vérifier s'il est recherché par les autorités. Cependant les forces de sécurité peuvent prendre les devants, comme l'illustre les échanges de laser à l'horizon. J'accélère alors pour les rejoindre et grappiller facilement ma part de la prime. Cette pratique me permet de financer l'achat d'un nouveau vaisseau, spécialisé notamment dans le combat, tendance accentuée par l'achat de l'équipement dédié à cette activité. On peut s'imaginer une soirée à naviguer dans une ceinture d'astéroïdes pour miner ou dans mon cas la sécuriser.

Elite Dangerous: Horizons

Mais pour conserver de la variété, je garde un oeil sur les missions proposées par la faction dominant le système où j'ai décidé de poser mes valises. Je pars assassiner des civils pour leur compte dans le système voisin, un mal pour un bien qui m'envoie en prison quand je présente ma dérogation aux autorités locales. Autre sensation forte, je me pose pour la première fois sur le sol d'une planète, après avoir trouvé le raccourci pour déployer le train d'atterrissage et surtout en ayant anticipé en m'équipant d'un module pour embarquer un véhicule terrestre à bord.

C'est à la fois un point fort et une limite d'Elite: Dangerous en attendant Odyssey, un jeu qui forme bel et bien un tout mais trop souvent vide. En effet, les planètes où l'on se pose ne disposent pas d'atmosphère -- sans vie donc -- et comptent que quelques structures. Les planètes sont la partie du jeu où les graphismes peinent le plus à combler les années. On remplit donc son objectif et l'on repart, enfin une fois que l'on a compris qu'il est inutile de chercher pendant trente minutes son air atterrissage car le vaisseau est reparti automatiquement en orbite durant ma mission. Je trouve la commande pour le rappeler au sol et direction un horizon qui s'assombrit un peu.

En attendant l'année 2021, remise en question

Cette visite d'Elite: Dangerous est une confirmation que je dois continuer de le suivre de près, car c'est une simulation spatiale qui n'a pas encore révélée tout son potentiel. Le temps de jeu peut être aussi long que la génération procédurale peut fournir de systèmes, à condition de se fixer des objectifs comme une réputation à monter, un vaisseau à débloquer ou se mobiliser pour le support d'une faction. Je botte toutefois en touche car les sensations que le jeu procure s'estompent encore trop vite pour moi, car ne s'inscrivant pas dans un écosystème véritablement partagé avec d'autres joueurs. Sans la dimension MMO, l'univers me semble trop factice à l'image de l'économie artificielle, manquant de profondeur alors qu'il est sur potentiellement sans limite. Je n'ai pas encore trouvé les histoires à écrire à plusieurs.

Elite: Dangerous est pourtant un très bon jeu, me procurant ces sensations de pilotage qui me manquent sur EVE Online, sans me le faire oublier. Embarquer en équipage est une expérience intéressante pour quelques soirées, quand on contrôle les tourelles ou qu'on se lance en chasseur pour assurer la protection de son commandant, sans que l'on s'y retrouve au-delà de la découverte. Cette simulation spatiale est toutefois du sur-mesure, à vivre seul ou parmi d'autres joueurs avec qui les interactions sont toutefois limitées. Ce qui m'empêche de m'y investir peut être justement ce qui en intéresse d'autres, car on peut aussi rechercher la tranquillité dans l'espace.

Je vais donc réunir des fonds pour assurer l'avenir, fixé à l'année prochaine car les planètes prendront alors vie. Et si l'extension Odyssey tient ses promesses, comblant une partie du vide, je pourrais songer à m'y installer dans la durée. Et même si ce n'est pas le cas, le voyage avec un début et une fin vaut franchement le détour.

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